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Francis Kurkdjian, un parfumeur artiste et artisan

Si tout le monde connaît les senteurs de My Burberry, de Narciso Rodriguez For Her ou encore de l’Eau Noire de Dior, peu connaissent l’homme à leur origine. Pourtant, c’est en 1995, à seulement 25 ans, que le nez Francis Kurkdjian démarre sa carrière sur les chapeaux de roues avec la création du Mâle de Jean-Paul Gauthier. Près d’un quart de siècle plus tard et des collaborations toujours plus luxueuses, Francis Kurkdjian est à la tête de sa propre maison. 

Une carrière choisie « par défaut » aux airs de révélation

Francis Kurkdjian naît en 1969, de parents d’origine arménienne. Entouré de musiciens - il entre d’ailleurs au conservatoire à six ans - il passe son enfance à la campagne. Passionné par la danse et le piano, il découvre le métier de parfumeur très tôt. C’est en regardant le film Le Sauvage, dans lequel Yves Montand incarne un parfumeur, qu’il a une illumination. Il dira à ses parents : « Je serai parfumeur ».

« Paradoxalement, je suis arrivé au métier de parfumeur par défaut et après quelques échecs successifs : l’école de danse de l’Opéra puis une école de design. J’ai découvert le métier de parfumeur et que les grands couturiers avaient recours à leur talent. Depuis cette époque, je ne me suis plus jamais questionné sur ce choix, cela ne m’a plus jamais quitté, comme si c’était écrit. »

Son père n’était pas très favorable à ce que son fils exerce ce métier. Néanmoins, il accepte que Francis étudie dans une école de parfumeur, mais seulement après avoir obtenu son diplôme dans une école de gestion (devenue Sup de Luxe). C’est à la fin de ses études qu’il rencontre celle qui le propulsera : Chantal Roos. C’est elle qui lui soumet le projet du futur Mâle

S’enchaînent alors les succès, toujours dans l’ombre, comme le veut son métier. Passionné, il est à la recherche de l’émotion. Il décide d’ouvrir en 2009 sa propre maison, rue d’Alger à Paris. Il y imagine des fragrances convenant autant aux femmes qu’aux hommes et y développe aussi le « sur-mesure », concept alors inédit en parfumerie.

La Maison Francis Kurkdjian : du « vestiaire olfactif » aux installations éphémères 

Avec son associé Marc Chaya, Francis Kurkdjian compose son « vestiaire olfactif ». Ayant le goût des belles choses, il y partage une vision moderne de la création de parfum. En respectant les traditions du métier, il cherche à bousculer les senteurs, à « sortir le parfum de son flacon ». Sa gamme se porte selon la personnalité de chacun. Tel un vestiaire, elle met en relief les différentes facettes que nous avons tous en nous.

Aujourd’hui, la Maison Francis Kurkdjian est commercialisée dans 45 pays et dans 9 boutiques dans le monde (à Paris, Dubaï, Miami, Kuala Lumpur…). Eaux de toilette, de parfum et de Cologne forment sa collection. Dans ses boutiques, les noms des parfums sont aussi poétiques que leurs senteurs sont enivrantes : Aqua Vitae, Cologne Pour le Soir, OUD ou encore Ciel de Gum. La Maison Francis Kurkdjian a rapidement développé son activité, en concevant également des bougies parfumées, des coffrets de voyage ainsi que des soins pour le corps et pour le linge. La Maison rejoint d’ailleurs le groupe LVMH en 2017.

Francis Kurkdjian va plus loin dans la création olfactive. Toujours pour sortir le parfum de son flacon, il foule de nouveaux terrains avec ses installations olfactives : à l’exposition universelle de Shanghai en 2010, à l’Orangerie de Versailles en 2006 ou à la Biennale des Antiquaires en 2014.

Dévoué au parfum, il s’inspire de tout ce qui l’entoure. Par exemple, il a puisé son inspiration dans Bonjour tristesse de Françoise Sagan, pour sa Cologne Pour le Matin. Il garde en mémoire des senteurs d’enfance, comme l’escalier en bois ciré de ses grands-parents. Selon lui, son métier est de réfléchir et de rêver au parfum : « Je m’arrête de travailler quand l’émotion dans le flacon correspond à l’émotion dans ma tête, quand ces deux images se rejoignent. »

Crédits photos 

Photo home : @franciskurkdjian 

Photo 1 : @franciskurkdjian